Dès cet automne, dans plus d’une centaine d’entreprises d’ici, l’époque où les menstruations surprises bousillent la journée des membres de leur équipe sera révolue. C’est que dans leur salle de bain, des produits menstruels Iris + Arlo seront gratuitement distribués.
«On a atteint notre objectif [de sociofinancement] mercredi matin, confirme Lara Emond, la fondatrice de la start-up au bout du fil. On peut maintenant démarrer la production.»
Heureuse, l’entrepreneure ne semble pas étonnée d’avoir obtenu bien plus que les 100 000$ initialement escomptés. En effet, une centaine de PDG lui avaient déjà signifié leur intérêt avant même que la campagne ne soit lancée.
Ce sont finalement plus de 130 organisations de différents secteurs d’activité, dont Emballages Carousels et Lemay Michaud pour ne nommer que celles-là, qui y ont contribué.
Lors de ses appels pour «tester le marché», Lara Emond a pu constater que si les produits menstruels n’étaient pas déjà distribués dans les entreprises, ce n’était pas par manque d’intérêt. «En général, la réflexion n’avait simplement pas été faite», rapporte-t-elle.
De nombreux dirigeants lui ont carrément répondu que «si c’étaient les hommes qui avaient des menstruations, on ne se poserait même pas la question. Or, ça ne fait pas partie de leur réalité, c’est encore un sujet tabou. Je vois mal un PDG masculin s’être déjà fait demander par une collègue s’il avait des tampons ou une serviette.»
C’est pourquoi elle est d’avis que les employés qui souhaitent ouvrir le dialogue avec leur patron pourraient être surpris par leur réaction. Et si jamais la discussion les gênes, Iris + Arlo peut s’en charger et taire le nom des personnes qui l’ont sollicité.
«On est extrêmement heureux de voir que plus de 130 entreprises ont embarqué dans le mouvement. Ça donne un bon indicateur que les gens sont prêts», se réjouit la dirigeante.
Tels du papier de toilette, ou du savon à main
L’offre de tels produits écoresponsables et sains démontre aux membres de son organisation que l’on prend en considération leurs besoins, ce qui alimente le sentiment d’équité et d’inclusion, affirme Lara Emond.
«C’est complètement ridicule que dans n’importe quel milieu de vie, tu trouves du papier de toilette et du savon à main. Or, on ne retrouve pratiquement jamais de produits menstruels qui sont pourtant essentiels, s’indigne-t-elle. […] Tu ne choisis pas d’avoir des règles ni le moment où elles commencent.»
Chaque entreprise pourra choisir la formule qui lui convient autant au niveau du type de produits - réutilisables ou à usage unique - et la quantité qu’elle souhaite distribuer.
Les tarifs de l’abonnement dépendront du volume de la commande, précise Lara Emond.
«Changer les règles»
Si Iris + Arlo offre aujourd’hui ce service aux organisations, et qu’elle espère que d’ici 5 à 10 ans, on retrouve de ses produits dans les salles de bain de toutes les entreprises au pays, c’est entre autres pour réduire la précarité menstruelle.
«Ce sont 27% des Canadiennes qui doivent souvent faire des sacrifices financiers pour se procurer de ses produits essentiels, soulève-t-elle. [Les menstruations] ont un impact socioéconomique sur 51% de la population. Ça va au-delà du bout de coton, ça a un impact sur ta productivité, ta confiance en toi et tes relations.»
D’ailleurs, à chaque article vendu, des produits seront remis à des organismes qui viennent en aide aux personnes qui peinent à s’équiper adéquatement.
L’entreprise offre aussi un service «d’accompagnement clé en main» pour déstigmatiser les menstruations, grâce notamment à des guides et des outils d’éducation. «On veut que tout le monde fasse partie de la discussion», conclut Lara Emond.
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